
Roger Rey, Sylvie Vermeillet et Jean-Louis Maitre ont livré le bilan de cette consultation entamée en septembre

70% des élus sont favorables à un rapprochement sous conditions avec la Bourgogne
Décidément,
la démocratie participative connaît une sérieuse embellie dans notre
beau département. Dans le sillage du Conseil général, qui avait lancé il
y a peu une consultation populaire sur la réforme territoriale, ce sont
cette fois les maires du Jura qui ont été amenés à se prononcer sur le
sujet, via un questionnaire adressé le 10 septembre dernier par
l'Association des maires. « Cette consultation est suffisamment large
pour être représentative, cohérente et significative », analyse la
pugnace présidente de l'AMJ, Sylvie Vermeillet. Réalisé sur un panel
d'environ cent vingt élus, le bilan de cette consultation fait ressortir
des enseignements sur la manière dont les édiles jurassiens envisagent,
avec plus ou moins de sérénité, le redécoupage des régions, les
transferts de compétences, la nouvelle carte des intercommunalités, le
maintien ou non des conseils généraux dans les départements ruraux, la
réduction des Syndicats et l'élection éventuelle des élus au suffrage
universel...
Inéluctable, le rapprochement de la
Franche-Comté à la Bourgogne sied à 70% des édiles qui ont pris le temps
de répondre à cette sollicitation destinée à abonder le débat lors du
prochain congrès annuel des maires de France. Un ''oui'' cependant
assorti de la restriction que les élus jurassiens souhaitent avant tout
être sûrs que ce mariage de raison fera véritablement faire des
économies à la collectivité. Dans le même temps, ils veulent voir
définir clairement les compétences qui seront transférées. Histoire de
ne pas perdre la main sur certains dossiers qu'ils n'imaginent pas voir
traiter à Dijon ou comme c'est déjà le cas à Besançon actuellement...
Ils ne sont que 7% à envisager un rapprochement avec la région
Rhône-Alpes tandis que 7% militent pour leur part pour la création d'une
région ''Grand Est''.
Pour le maintien des Conseillers généraux
Forcément
un peu épidermique, le sujet des transferts de compétences concentre
ses questionnements sur la redondance de services et les ''doublons''
d'intervention État-Intercommunalités.
Attachés à 76% au maintien des
Conseils généraux sur notre territoire rural -pour des visées
électoralistes?-, les élus départementaux le justifient essentiellement
par le besoin de maintenir une réelle proximité avec la population.
Maires dans le même temps que parfois...''pères'' ou ''mères'' lorsque
le besoin s'en fait sentir, ils sont parfois amenés à intervenir dans
des conflits familiaux ou des problèmes personnels qui tiennent plus de
l'humain que de la froide arithmétique étatique. Et, ce qu'on peut
aisément admettre, ils n'imaginant pas à avoir à faire appel à un tiers
dans ce type de dossiers sensibles.
Pour autant, ils restent quand même
43% à prôner la disparition des Conseillers généraux au profit
d'Assemblées de présidents des intercommunalités (au nombre de 24 dans
le Jura, NDLR) ou le retour des Conseillers territoriaux. « Ce sont pour
la plupart de nouveaux élus qui en sont encore au stade de la
découverte de la réalité des dossiers et du terrain. On peut imaginer
que nombre d'entre eux risquent de changer d'avis au fur et à mesure du
temps », analysent conjointement le triumvirat composé de Sylvie
Vermeillet, du secrétaire général de l'AMJ et président de la Communauté
de communes de Bresse-Revermont, Jean-Louis Maître, et de Roger Rey,
maire de Conliège et chargé de communication de l'AMJ, dont l'expérience
en la matière n'est plus à faire.
Concernant la nouvelle carte des
Intercommunalités, qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2017
avec constitution d'un nouveau seuil fixé à 20 000 habitants, 71% des
maires jurassiens y est farouchement opposé : « Il est absurde de s'en
tenir à une gestion arithmétique en lien avec le nombre d'habitants et
au compte administratif sans prendre en compte des spécificités des
territoires, de leur superficie et de leurs intérêts communs. Il faut
insérer la notion de ''veille sociale'' et environnementale et favoriser
la mutualisation de moyens entre les ''ComCom'' existantes », relève
Jean-Louis Maître.
A propos de la réduction des
Syndicats de tous crins, il se dégage une majorité de 55% favorable à
leur réduction. En raison de l'effet ''doublon'' avec les
Intercommunalités déjà dénoncé par ailleurs. Et aussi sans doute parce
que les restrictions des dotations de l’État de 30%, qui prendront effet
dès 205 et pour trois ans, les incitent d'ores et déjà à faire des
économies drastiques alors que leurs compétences viennent d'être
élargies à la gestion des permis de construire, à la promotion du
tourisme et aux services à la personne. Entre autres...
Quant à l'élection des élus
intercommunaux au suffrage un universel direct, 59% des maires du Jura
ne veut pas en entendre parler. Comme le reste, la démocratie
participative a ses limites...