La sueur de la vigne vu sur le blog d'olif :http://www.leblogdolif.com/archive/2013/09/17/la-sueur-de-la-vigne-5171172.html
Les femmes de ménage célestes ayant tout juste fini de récurer le sol du sang de la vigne
qui l'entachait, voilà qu'un coin de ciel bleu daigna faire son
apparition au dessus du rocher de Château Chalon. Pour mieux sécher les
raisins et les marnes, bleues également, encore un peu détrempées et qui
collent aux chaussures du randonneur de passage. On n'arrête pas le Progrès
et c'est à la demande d'un des journalistes du quotidien jurassien que
j'ai pris la route du vignoble, dans l'indifférence générale (Pierre
Arditi étant parti tourner un peu plus loin). Pour une rencontre
vigneronne doublée d'une interview, où il n'a absolument pas été
question du meilleur vin blanc du Jura de l'année du monde. Tout ça dans
le cadre d'une grande thématique vin à paraître quotidiennement début
octobre, pendant les vendanges. On n'arrête pas le Progrès!
Des vendanges 2013 dont le ban ne devrait pas tarder à être annoncé,
sans doute la semaine prochaine pour les crémants. Derniers coups de
rotofil sur les terrasses du Puits Saint-Pierre, là où la pente est
particulièrement raide, juste sous l'abbatiale. Ce qui n'empêchera pas
les futurs vendangeurs de bien suer dans la vigne.
Le marcheur qui entame l'ascension a le
choix entre la route et le rang de vigne pour grimper vers le ciel. Le
VTTiste suivra préférentiellement le balisage, qui ne manque pas de
dénivelé avant le ravitaillement du sommet. De quoi programmer une belle
escapade
jurassienne pour le week-end. Là aussi en y laissant de la sueur, mais
qui nourrira à peine le sol, imperméable aux pluies comme à la détresse
physique humaine.
Et pendant ce temps, le savagnin verdit (il mûrit, quoi, rapport à sa couleur!).
Avant de suer sang et eau dans la vigne,
il avait bien fallu s'hydrater un peu. Tout d'abord grâce à quelques
produits locaux, cultivés et élevés dans le grand respect d'une
tradition ancestrale, chez Gabrielle Rizzi. Des vins d'un classicisme exemplaire, empreints d'une relative rusticité de bon aloi. Mention particulière au Chardonnay 2010 de ce micro domaine familial, d'un seul petit hectare, dont une centaine d'ares en Château Chalon,
pile sous le rocher. Toute la (petite) récolte bientôt vendue
directement aux particuliers et aux touristes, le petit caveau sis rue
Saint-Jean va bientôt fermer, être démonté et consciencieusement rangé,
afin de laisser la place à une cave plus vaste destinée à accueillir le
tracteur en prévision des prochaines vendanges. Encore de la sueur en
perspective!
À Château Chalon, la sueur n'a pourtant
pas attendu le randonneur ou le vendangeur de passage pour couler. Il
fut un temps où le sentier de petite randonnée vibrait sous les pas des
vignerons qui l'empruntait pour aller travailler la vigne du Puits
Saint-Pierre. Surtout ne pas oublier de leur rendre hommage, au vu du
service rendu.
En débouchant une bonne bouteille avec
la première fondue automnale du soir, par exemple. Un 2003 en train de
virer vers des notes pétrolées au nez, mais d'une fraîcheur de structure
à faire pâlir de jalousie un sculpteur sur glace.
Olif
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