Bonnes nouvelles de L'Étoile...
Cette Étoile-là brille au firmament du
Jura depuis la nuit des temps. Des millions de pentacrines, ces petits
fossiles à cinq branches disséminés dans le sol, et cinq monts,
grossièrement disposés en étoile: Monterreaux, Mont-Augy, Mont-Morain,
Montmuzard, Mont-Genezet, les orthographes variant selon les sources.
L'Étoile, c'est tout cela à la fois, et aussi l'une des cinq AOC
jurassiennes, un signe supplémentaire? 3 AOC "village", 2 AOC "produit",
mais peut-être la moins médiatisée quand même. Pourtant, au centre, une
authentique star: Montbourgeau.
Propriété familiale depuis 1920, appartenant à la famille Gros, le domaine de Montbourgeau est actuellement dirigé par Nicole Deriaux, fille de Jean Gros.
Deux des enfants de Nicole semblent se prédestiner à prendre la suite,
ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Une maison à la solide réputation,
garante d'un savoir-faire traditionnel, qui produit quelques-uns des
plus beaux spécimens de vins oxydatifs jurassiens. Ici, "pas de
chapelle", juste une magnifique demeure et une volonté de produire beau
et bon, ce qui sous-entend des pratiques plutôt propres à la vigne et
relativement peu interventionnistes à la cave, sans certification
d'aucune sorte, ni revendication à aucune appartenance autre que celle
des bons producteurs de vins du Jura. Intervenant au domaine depuis 1986
aux côtés de son père, puis seule après son décès, Nicole a imposé
petit à petit sa sensibilité, pour produire des vins dotés d'une
élégance toute féminine, par rapport à l'opulence de ceux de son père.
Un style qu'elle ne renie pourtant pas, toute fière d'avoir produit des
vins qui se rapprochent de ceux qu'il appréciait, dans les millésimes
généreux que furent 2003, 2005 ou 2009. Mais n'anticipons pas.
Ce 2010, élevé en cuve avant d'être
transféré dans de grands foudres rechappés pour être adaptés au mode
d'élevage des vins de Montbourgeau, est une petite merveille de fruit,
de fraîcheur et de simplicité.
La Cuvée Spéciale,
c'est une toute autre dimension. Le fleuron du domaine, la quintessence
d'un chardonnay en mode oxydatif sur ce beau terroir argilo-calcaire
truffé de pentacrines. Élevage sous voile, donc, qui représente la
véritable patte du domaine au travers d'une cuvée emblématique qui sait,
à chaque fois, refléter le millésime. 2009 très opulent, 2008 doté d'une superbe acidité sur le fil, 2007 à l'équilibre très convaincant, 2003 dans un registre très riche mais cohérent, 2001 qui se révèle par petites touches successives, une année compliquée, au final, très complexe.
Le Savagnin se plaît également sur les
marnes irisées de L'Étoile. Cela va sans dire. Le parallèle entre les
deux millésimes est une fois de plus éloquent. 2009 plein, pour la
grande garde, et 2008, tout en tension, qui ravira les amateurs de vins
tranchants.
Un préambule exceptionnel aux deux Vins
jaunes à suivre. Seul le 2006 est désormais disponible. 2005, tout en
rondeur, sur des notes maltées et épicées, se fait enjôleur. Mais 2006
n'est pas en reste, plus marqué noix verte, mais avec un potentiel
évident.
Et puis, avant quelques douceurs sucrées, une dernière petite madeleine, des Vieilles vignes
de 1928, millésimées 1990, arrachées peu après. Une bouffée d'air
frais, avec des notes d'évolution certaines, mais plutôt dans un
registre agréable. Ce qu'il faut de vivacité pour soutenir la vieille
cire, le toasté et l'encaustique, et une remarquable tenue à l'air.
Superbe! Une étoile qui ne file pas, malgré le fait que l'on soit au
mois d'août.
Le Paille 2009 est
riche et complexe, goûtant un peu sur le sucre sans que celui-ci ne
s'impose véritablement, mais il fait figure d'exception pour les Pailles
du domaine, à la réputation d'être plutôt très secs. Le Macvin blanc et le Macvin
rosé sont marqués par une belle acidité, qui sied parfaitement à ce
type de produit qui aurait tendance à devenir vite lourd sans cela. Les Secrets de Montbourgeau,
mués en trésors pour beaucoup de participants à la dernière Percée du
Vin jaune, c'est la recette ancestrale de vin de liqueur cuit, avant que
l'AOC ne jette les bases définitives de ce que devait être un véritable
Macvin. Beaucoup de rondeur et d'harmonie pour un vin séducteur, qui
manque pour moi d'un peu de peps par rapport à la version agréée,
probablement du fait de la cuisson. Toujours est-il qu'il n'y a rien à
jeter, à Montbourgeau. Et que l'Étoile n'a jamais aussi bien porté son
nom. Une bien bonne nouvelle, n'en déplaise à Gainsbarre..!
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